La crise du COVID-19 a permis d’expérimenter les bénéfices de l’Open Data. Retour sur une success story.
A la source : la loi pour une République numérique
La loi pour une République numérique du 7 octobre 2016 a dégagé les principes de la politique des données de l’Etat, en grande rupture de ce qui se faisait jusqu’alors. Un des objectifs principaux de la loi est de créer de la valeur en donnant accès par défaut aux données de l’administration.
En particulier, le Décret n° 2016-1922 du 28 décembre 2016 relatif à la publication en ligne des documents administratifs a créé une disposition permettant la mise à disposition au public des bases de données de l’administration.
Les premières données relatives au COVID
Le 17 mars 2020, la France est rentrée en confinement pour la première fois dans le cadre de l’épidémie de Covid-19. Des centaines de milliers de travailleurs ont immédiatement basculé dans le monde du télétravail. En parallèle dans chaque foyer, la peur prédomine face à cette épidémie inconnue, la précédente pandémie de cette ampleur étant la grippe de 1918. Les sources d’informations sont encore peu fiables.
Néanmoins, à la lueur du décret susmentionné, les services de l’Etat qui se sont mobilisés et les base de données ont été mises à disposition par Santé Publique France, notamment sur Data Gouv, la plateforme de mise à disposition des données de l’Etat.
Immédiatement, ces données ont été exploitées par les administrations, les médias mais aussi des particuliers.
Des ré-utilisations de données conséquentes
Concrètement, plus de 300 ré-utilisations des données publiques ont été déclarées sur DataGouv.fr avec le tag « COVID » ou le tag « covid ». La déclaration n’étant absolument pas obligatoire, cela est un chiffre intéressant montrant un intérêt flagrant pour le sujet. A titre de comparaison, les ré-utilisations de données avec le tag « formation » sont de l’ordre de la trentaine, quand celles avec le mot « carto » sont de l’ordre de la centaine.
En ce qui concerne les ré-utilisations, plusieurs utilisations ressortent :
- 61% des ré-utilisations sont des visualisations de données, c’est-à-dire, qu’elles permettent aux utilisateurs finaux de mieux comprendre les données relatives au COVID en les mettant en forme graphiquement. D’un point de vue sociétal, cette utilisation des données ouvertes permet une information de qualité en multipliant l’exploitation des données. L’intérêt pour les médecins et les chercheurs est indéniable, l’intérêt pour le grand public également.
- 26% sont des créations d’applications. Cette forme de ré-utilisation est particulièrement intéressante au regard de la loi pour une République numérique puisqu’elle est source de valeur économique pour la société.
- Les utilisations restantes se partagent entre des articles de presse, des idées et des articles de blogs. Cela contribue également à une information de qualité en multipliant les points de vue sur ce sujet de société qu’est le COVID.
Par ailleurs, la mise à disposition de données ouvertes permet également de remonter rapidement les erreurs sur les bases de données. A titre d’exemple, le fameux site Covid Tracker, créé par Guillaume Rozières, a permis d’alerter sur un changement de méthodologie en pleine ascension du variant Omicron.
Arrêt du suivi d’Omicron sur CovidTracker
— GRZ (@GuillaumeRozier) December 29, 2021
La France a cassé les seules données publiques nous permettant de bien suivre la progression du variant Omicron, et on n’y peut plus rien. Explications… 1/16 pic.twitter.com/m5VJeQSTgC
Les analystes de Santé Publique France ont corrigé rapidement la situation, si bien que le suivi de ce nouveau variant est de nouveau possible, ce qui est une information d’intérêt public au regard de la dynamique de l’épidémie et de la différence de dangerosité entre les variants Delta et Omicron.
Conclusion
En conclusion, la crise du COVID-19 a démontré l’utilité des données en Open Data. Elles ont été source de valeur pour la société en général, que ce soit par la mise à disposition de données fiables et réutilisables pour que chacun puisse effectuer des analyses et contribuer au débat. Ou que ce soit en tant que générateur de valeur en permettant la création d’applications génératrices d’emplois et de valeur dans l’économie réelle.
Nul doute que la Loi pour une République numérique a de beaux jours devant elle.
Méthodogie
Les données de cet article proviennent de Etalab, notamment du Catalogue des données de data.gouv.fr en date du 21/01/2022. Le jeu de données utilisé est « export-reuse« .
Les données ont été exploitées en utilisant PowerBI et en sélectionnant les mots clés « covid » ou « COVID » compris dans la colonne « Tag » du jeu de données exploité. La qualité du jeu de données en ce qui concerne les « tags » étant inconnue, les données présentées dans cette article doivent être prises avec du recul.
Note : le présent article ne reflète que l’opinion de son autrice et n’engage pas l’Université de Strasbourg